Dans le nord de la Sibérie, une grande part de l'alimentation provient de l'exploitation du renne, qui apparaît aussi prépondérante dans l'alimentation paléolithique. Cette consommation renforce les liens entre l'homme et l'animal, selon le principe que "nous sommes ce que nous mangeons". Tout dans le renne se mange, depuis les œstres qui se développent sous la peau jusqu'aux sabots, en passant par le velours qui couvre ses bois. En fonction des morceaux, la consommation peut se faire crue, séchée, fermentée ou bouillie, en même temps que sont attribuées des valeurs ajoutées ou des interdits selon la partie concernée.
Quoique moins valorisée, la part du poisson dans l'alimentation est essentielle et toujours présente. Mais plus le nomadisme familial fait place à une transhumance qui accompagne une certaine sédentarisation, et donc un accès plus occasionnel au troupeau, plus cette part est importante. Le poisson se mange cru, gelé, séché, fumé ou bouilli.
La part de nourriture liée au végétal, varie considérablement selon les écosystèmes végétaux. Mais dans l'ensemble, la végétation naturelle est aujourd'hui peu exploitée, hormis les baies à l'automne et certaines plantes utilisées dans la cuisine rituelle.
La très faible diversité d'aliments offerte aux populations ne va pas a priori sans soulever des questions relatives aux diètes et à leurs implications sur l'état sanitaire des populations. L’analyse des comportements alimentaires offre l’avantage de relier l’homme à son écosystème, d'aider à percevoir les modalités de son adaptation et saisir les transformations induites par les mutations socio-économiques.
La capacité du renne à s'adapter aux conditions arctiques et péri-arctiques mérite une étude approfondie. La composition en isotopes stables du carbone et de l’azote des tissus d'un mammifère herbivore rend compte de son alimentation et de l’habitat dans lequel il évolue. Or, la Sibérie est une région de forts contrastes aussi bien pour le paysage végétal que pour l’ambiance climatique. L’adaptation du renne à ces différents contextes environnementaux peut être estimée par des analyses isotopiques réalisées sur son poil, travail qui permettra de préciser les interprétations élaborées à partir de l'analyse des matières animales préhistoriques.